Autisme. Esteve Freixa i Baqué : Le packing
Mr Esteve Freixa i Baqué fait part de cette information :
Vous vous souvenez d'un article sur « Le Packing, la camisole glacée des
enfants autistes » ? Il y avait à l’époque un espoir pour que cette méthode
soit abolie en France un des seuls pays où elle est encore utilisée; voici le lien pour ceux qui ne l'ont pas lu :
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1270
Courrier Psy d’aujourd’hui publie cet article : le Haut Conseil de la Santé Publique a autorisé la poursuite du recours au packing. Encore une victoire des psychanalystes !
« Mais l'avis favorable du HSCP sur le packing, sonne pour Léa pour Samy, comme une fin de non recevoir. Dans une lettre adressée le 20 avril 2010 à Roselyne Bachelot, l'association de parents estime que, non seulement ses demandes n'ont pas été prises en compte mais que, « pire encore, elles ont été détournées pour aboutir à une validation administrative via l'avis du HSCP », afin de se « plier aux pressions du corporatisme médical, notamment du corps psychiatrique d'obédience psychanalytique. » Ce sont donc bien, à travers cette polémique, deux conceptions de l'humain qui s'affrontent. L'association n'entend pas en rester là : elle maintient sa demande de moratoire et se dit prête à des actions sur le terrain. »
Sarah Chiche
Article publié le 26/05/2010
Le Haut Conseil de la Santé Publique a autorisé la poursuite du recours au packing, une technique consistant à envelopper des patients autistes dans des linges froids et humides pour calmer certains symptômes tels que l'agressivité et l'automutilation. Or, des associations de parents assimilent cette technique à une dangereuse torture, sans aucune validité scientifique. Le point sur la controverse.
M'Hammed Sajidi, le président du mouvement « Vaincre l'autisme-Léa pour Samy », ne décolère pas. Un an après la demande de moratoire contre le packing de son association de parents, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) a rendu son avis : cette technique de traitement de l'autisme pourra continuer d'être utilisée, pourvu qu'elle soit réalisée dans des conditions de sécurité satisfaisantes, par une équipe de professionnels dédiée, ayant reçu une formation spécifique.
Inspiré d'anciennes techniques d'hydrothérapie du XIXe siècle, le packing a été importé des Etats-Unis – où il n'a désormais pratiquement plus cours – par le psychiatre américain M.A.Woodbury dans les années 1960-1970. Son principe ? Un enveloppement du corps qui permettrait de calmer les angoisses d'anéantissement, fréquentes chez les autistes. Le patient est enveloppé jusqu'au cou dans des serviettes trempées dans l'eau froide (autour de 10 degrés), puis recouvert d'un drap sec, d'un tissu imperméable permettant un réchauffement rapide et de deux couvertures chaudes. Chaque séance dure entre quarante-cinq et soixante minutes, en présence des soignants. Le saisissement produit par le contact avec les linges froids, puis l'apaisement suite au réchauffement progressif du corps, procureraient un apaisement immédiat. La technique a été rapprochée du « holding » selon Winnicott. Ou bien, il s'agirait en enveloppant et contenant le patient, de suppléer dans le réel à ce qui a fait défaut sur le plan symbolique et imaginaire : le regard de l'autre comme vecteur de l'unité de l'image du corps. Au fil des séances, on constaterait une « diminution puis la disparition des automutilations et des troubles du comportement à type d’agressivité chez les enfants présentant certaines formes de troubles envahissants du développement (TED) », explique le Professeur Delion, chef du service de pédopsychiatrie du CHRU de Lille. Selon lui, « il a été très souvent vérifié que le traitement neuroleptique pouvait être notablement diminué pendant et au décours des séances de packing ». Vérifié par les utilisateurs de cette technique, mais pas par des études scientifiques. Toutefois, il prend soin de préciser que le packing n'a pas de valeur seul et qu'il n'est pas proposé systématiquement mais en fonction de chaque situation individuelle, et en complément d'autres approches éducatives (Teacch, Pecs, Makaton…), pédagogiques (instituteurs spécialisés) et thérapeutiques (pataugeoire, ateliers thérapeutiques, prises en charge individuelles, en petits groupes…).
« Une médecine de linge mouillé » ?
Des propos qui sont loin de satisfaire l'association de parents « Léa pour Samy », pour qui le packing n'est qu'une « médecine de linge mouillé », barbare et archaïque, qui « relève de la torture ». Absence de preuve d’efficacité, impossibilité pour le patient de donner son consentement éclairé, brutalité de la technique, dévoyée par certaines institutions pour sédater les patients afin d'avoir la paix, risques d'hydrocution et d'hypothermie... La liste des griefs contre le packing est longue. L'association défend l'hypothèse d'une étiologie neuro-développementale du trouble, rendant l'hypothèse du packing pour diminuer les angoisses de morcellement caduque. « Les enfants atteints d’autisme sont hospitalisés pour recevoir un traitement contre l’autisme. La psychiatrie psychanalytique escroque le contribuable en faisant croire que le packing est un traitement, un soin indispensable aux enfants autistes. Les autorités sanitaires ont le devoir de n’appliquer comme traitement que ce qui a été avéré scientifiquement », martèle M'Hammed Sajidi. En décembre 2008, un programme de recherche visant à démontrer l'efficacité du packing a été lancé par l'équipe du professeur Delion. L'association Léa pour Samy était montée au créneau en déposant une demande de moratoire sur la pratique du packing auprès du Ministère de la Santé fin mars 2009, soulignant l'inefficacité et la dangerosité de la méthode. Si Léa pour Samy n'a pas été en mesure de donner des chiffres précis, le décès au Canada, il y a deux ans, d'un enfant de neuf ans, durant une séance de packing, avait fait grand bruit. L'enquête avait toutefois établi que l'enfant, pesant 24 kilos, avait été laissé seul dans un coin de la classe, enveloppé dans une couverture thérapeutique de 17,5 kilos, avec une minuterie réglée sur 20 minutes, c'est-à-dire dans des conditions de sécurité contraires au protocole du packing.
Une étiologie multifactorielle
Cette controverse illustre une fois de plus à quel point l'autisme est un sujet explosif. Certaines familles ont été naguère malmenées par des adeptes des théories de Bettelheim selon qui la « mauvaise mère » pourrait être directement responsable de l’autisme infantile. Toutefois, depuis Frances Tustin et Donald Meltzer, nombreux sont les psychanalystes qui reconnaissent que l'étiologie de l'autisme est multifactorielle et que s'y entrecroisent des facteurs génétiques et environnementaux. Si, en France, de nombreux praticiens rapprochent l'autisme des « psychoses infantiles », l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est alignée sur le DSM-IV et parle de « trouble envahissant du développement » (TED), tandis que le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), en 2007, a qualifié l’autisme de « handicap ». Or il n'est à ce jour pas démontré que l'autisme est un problème strictement neurologique ou génétique. D'où la nécessité d'une prise en charge multidimensionnelle où sont engagées des réflexions cliniques, psychopathologiques et thérapeutiques qui tiennent compte des avancées des neurosciences.
Mais l'avis favorable du HSCP sur le packing, sonne pour Léa pour Samy, comme une fin de non recevoir. Dans une lettre adressée le 20 avril 2010 à Roselyne Bachelot, l'association de parents estime que, non seulement ses demandes n'ont pas été prises en compte mais que, « pire encore, elles ont été détournées pour aboutir à une validation administrative via l'avis du HSCP », afin de se « plier aux pressions du corporatisme médical, notamment du corps psychiatrique d'obédience psychanalytique. » Ce sont donc bien, à travers cette polémique, deux conceptions de l'humain qui s'affrontent. L'association n'entend pas en rester là : elle maintient sa demande de moratoire et se dit prête à des actions sur le terrain.